SOS santé au Burkina : les hôpitaux, couloir de la mort!
« Notre hôpital est dans l’agonie. Il a besoin de soins urgents. Sauvons l’hôpital Souro Sanou ! » C’est le cri de désolation que je viens d’entendre sur le profil Facebook du mouvement Le Balai Citoyen. Quand un centre de santé se retrouve avoir « besoin de soins urgents », quel sort pour les malades ? L’hôpital Souro Sanou (à Bobo Dioulasso, capitale économique), on peut dire, est le 2e plus grand du Burkina Faso après Yalgado Ouédraogo à Ouagadougou. Leur présence fait croire qu’ils sont là pour défier la mort. Pourtant, « regardez les gens en sortir et ils vous paraîtront plus vieux que leur âge, beaucoup plus triste que la vie. Entrez-y sain et vous sortirez malade. Entrez-y athée vous sortirez croyant »
La réalité est triste dans nos hôpitaux. Dans les urgences, on voit les gens entassés comme des sardines dans une boîte de conserve parce qu’il n’y a pas place (je préfère ne pas dire lits). Le plus souvent quand une personne est malade, elle ne veut pas entendre parler d’hôpital parce que c’est synonyme de la mort. Quand tu y vas c’est pour prendre ton « passeport mortuaire » et passer de l’autre côté. Un extrait des maux qui minent l’hôpital Souro Sanou est éloquent : Table d’opération en panne, le scanner en panne, ruptures permanentes d’oxygène pour les malades placés sous oxygène, les laveuses de la buanderie en panne, manque de film à la radiologie, manque de produits anesthésiants, manque de lits et de matelas, les chambres froides de la morgue en panne entraînant la décomposition des corps, groupe électrogène vieux de 25 ans donc obsolète et manque toujours de carburant obligeant les chirurgiens à opérer avec de torches en cas de coupure en pleine opération, insuffisance de personnel, manque de soins d’urgence, les techniciens de surface (nettoyeurs) en grève pour arriérés de salaires de trois mois, manque d’ampoules dans les salles, les couloirs, les escaliers et pleins d’autre problèmes, coupures d’eau permanente au Bloc opératoire donc absence de château d’eau….
Il s’agit là du résultat d’un travail mené par la coordination Bobo du Le Balai Citoyen avec l’aide des syndicats des travailleurs de la santé et d’autres personnes ressources. Et dire que le programme du président Blaise Compaoré (devant prendre fin en 2015) se veut de « faire du Burkina un pays émergent !? » Décidément, quand les gens ne savent plus quoi faire, ils changent les mots. Depuis 27 ans, beaucoup de Burkinabè comme moi ne connaissent que ce pouvoir actuel, les besoins élémentaires sont loin d’être satisfaits. Inutile de dire que nous sommes passés à côté des objectifs du millénaire pour le développement (OMD). La peine de mort est toujours maintenue dans le Code pénal burkinabè. Mais elle n’a jamais été utilisée. Cependant on a l’impression qu’elle s’applique à travers nos hôpitaux. Le hic, c’est que ce ne sont pas les inculpés qui y passent. Autant dire que nous sommes tous condamnés.
Cette vidéo de l’ex-groupe de rap burkinabè Yeleen décrypte bien la situation dans nos hôpitaux notamment à Yalgado Ouédraogo.
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