Le top 10 astuces pour durer au pouvoir au Burkina Faso
Bientôt 27 ans que mon cher Burkina Faso est dirigé par une et même personne : Blaise Compaoré. Aujourd’hui, plus d’un Burkinabè comme moi aspire à tourner la page. Aspiration qui n’est point la sienne. Quel est le secret d’un si long règne ?
Tripatouiller la Constitution
A supposer que tu sois arrivé au pouvoir par un coup d’Etat et après des régimes d’exception. Tu mets alors en place une Constitution. On organise des élections et tu es élu pour 7 ans. Dans cette tracée, tu fais deux (2) septennats. Avant la fin du 2e, tu modifies la Constitution pour revenir à un quinquennat. Et vite, tu cries : « La loi n’est pas rétroactive ». Cela permet de remettre ton compteur à zéro (0) : tes deux septennats ne sont plus pris en compte. Tu peux rebeloter pour deux quinquennats et après tu cherches d’autres moyens pour un pouvoir à vie ! Envers les opposants c’est « le chien aboie la caravane passe ». Pourvu que tu organises régulièrement les élections que tu remportes.
Soudoyer l’opposition crédible
Aux partis de l’opposition qui semblent avoir une bonne cote de popularité auprès du peuple, tu tends un piège. Il s’agit de leur donner de l’argent. Quand ils veulent savoir pourquoi, tu réponds tout simplement que c’est pour renforcer la démocratie. Et comme ça tu leur tends l’hameçon. Une fois qu’ils ont mordu, tu cries haut et fort qu’ils sont des corrompus. Mais voyons ! Depuis quand le parti au pouvoir donne de l’argent à l’opposition soi-disant que c’est pour renforcer la démocratie ? L’éminent professeur de droit Laurent Bado est mieux placé pour comprendre. Lui qui se prenait (se prend même) pour l’homme le plus intelligent au Burkina a été discrédité de cette façon pourtant son parti, (le Parti pour la renaissance nationale – Paren), alors jeune, était la coqueluche du peuple pour une alternance au Burkina en 2005. Hélas, on a versé son visage par terre.
Bien choisir les gardiens du temple
Il s’agit de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), du Conseil constitutionne et du Conseil supérieur de la communication (CSC). La Céni il faut faire de cette institution une machine à tricher. Ainsi, elle proclamera des résultats exponentiels truqués en ta faveur (80 % de voix). Après intervient le Conseil constitutionnel. Cette cour reçoit alors les résultats provisoires proclamés par la Céni. Elle fait table rase des recours et proclame les résultats définitifs. Tu es ainsi (ré) élu avec 79,81 %. Qui va critiquer ? Le CSC dont tu as nommé le président intervient pour jouer sa partition. En service commandé le président de cette institution est prompt à suspendre… des organes fut-ce un jour de 13 décembre. Et oui ! Les journalistes burkinabè l’ont appris à leurs dépends. Le 13 décembre 2012 alors qu’ils commémoraient le triste assassinat du journaliste Norbert Zongo, le CSC a procédé à la suspension du journal Le Quotidien d’une semaine de parution. Le message n’est-il pas clair ainsi ?
Faire de la paix une marque de fabrique
Houphouët-Boigny disait que la paix n’est pas un vain mot, mais un comportement. Tu diras que tu en es l’incarnation. Tu apaises les conflits dans la sous-région. Après toi c’est le chaos. Lors de la campagne tu fais de cela un slogan : « Pour la paix au Burkina, votez…moi ».
Tue et confesse-toi !
Pour garder ton pouvoir, il faut tuer ceux qui sont des obstacles sur ton chemin. Les journalistes « indélicats » qui veulent troubler ton sommeil par leur investigation de dénonciation tu les fais brûler à mort. Si la situation s’empire après, tu fais une mise en scène dans l’intention de panser les plaies. Tu organises alors une journée nationale de pardon. Avec les larmes de crocodile, tu dis : «Le Christ nous demande de nous pardonner». Ça crée de l’émotion : un chef qui demande pardon à son peuple ?
Contrôle bien l’armée
Tu crées la zizanie dans la boîte. D’abord, entre les différents chefs de commandement il faut arriver à installer une certaine méfiance. Plus il y aura la méfiance entre eux plus personne n’envisagera fomenter un coup contre toi. La deuxième chose, il faut créer une armée au sein même de l’armée. Par exemple, faire de ta garde de sécurité un corps d’élite capable de mater les autres.
Abrutis le monde rural
N’ apprends jamais au monde rural le sens du vote. Fais en sorte que les échecs scolaires soient les plus élevés à leur niveau. Majoritaire, le monde rural est une ferme électorale précieuse. Nourris-la avec du riz au gras. Distribue des billets de 1000 f (un peu plus d’un euro) à chacun, un t-shirt, une casquette. Fais leur boire jusqu’à perdre conscience. Ils se sentiront demain redevables à ton égard. Pour ce faire, ils te donneront leurs voix. Et surtout, inculque dans leur esprit qu’on ne remplace le président que s’il est mort.
Corrompre les chefs coutumiers
C’est Thomas Sankara qui a commis la bêtise de mettre en quarantaine la chefferie coutumière hors des affaires publiques. Alors si tu veux, réhabilite-les. Accorde-leur une place de choix. Ça paye bien ! Tu sais bien qu’en Afrique et au Burkina en particulier, ce sont des personnes qui ont une grande influence sur leur population. Il suffit seulement que tu mouilles la barbe d’un chef coutumier et tu as les voix de toute sa communauté. On ne désobéit pas au chef. S’il appelle de voter pour tel candidat, tout le monde est tenu à cela. Tu veux durer au pouvoir ? Fais des chefs coutumiers des amis !
Pas de confiance absolue !
Il ne faut jamais avoir une confiance absolue à tes collaborateurs. La meilleure chose à faire d’eux, c’est de les tourner comme des pions sur un damier : tu promeus ou tu rétrogrades. Il faut les aider à acheter le cheval, mais ne les montre pas comment on le monte. Pas question qu’un de tes collaborateurs veuille te faire de l’ombre ! Tu restes alors le seul maître de la situation.
Pas d’arriéré de salaire
C’est une erreur à ne jamais commettre. Un arriéré de salaire peut avoir l’effet d’un projectile qui te saute de ton fauteuil. En tout cas, si tu ne veux être chassé du pouvoir comme le 1er président du Faso, Maurice Yaméogo, le 3 janvier 1966, tu as intérêt à ne pas s’amuser avec les salaires des fonctionnaires. Cela peut avoir une incidence négative sur tous les domaines d’activités économique et sociale. Dans ce cas, tu auras tout le pays derrière le dos.
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