Hommage à Jean Hélène

21 octobre 2013

Hommage à Jean Hélène

Ce jour 21 octobre 2013, les autorités ivoiriennes décorent à titre posthume Jean Hélène à l’ordre national de la République de Côte d’Ivoire. C’est le mardi 21 octobre 2003 que ce grand journaliste de RFI trouvait la mort sur le sol ivoirien. Je me permets, malgré ma méconnaissance de l’homme, de lui rendre un vibrant hommage !

Crédit photo: RFI
Jean Hélène
Crédit photo: RFI

Jean Hélène, tu (accepte que je te tutoie) as été un soldat. Mais un soldat moins armé que ton bourreau Séry Dago. Tu n’avais que ta plume. Cependant, la force de celle-ci était supérieure à celle d’une arme, d’une kalachnikov. Grand journaliste de terrain, tu as porté ta voix à ma chère Afrique, berceau de l’humanité devenue berceau de l’inhumanité. Tu as ainsi donné à entendre les échos de la guerre au Liberia, les conflits absurdes en Somalie, en RDC ou encore le génocide rwandais. Intrépide et infatigable reporter, tu as décidé de déposer,  en 2003,  tes valises dans une Côte d’Ivoire en pleine crise. Ta motivation a été de traquer le mensonge au profit de la vérité. Tu as donc voulu donner la parole aux victimes de la crise sans parti pris. C’est dans cet élan que ton chemin a croisé celui du sergent Séry Dago un certain 21 octobre 2003. Un jour fatidique (maudit soit ce jour !). Une balle dans la tête par quelqu’un qui pense avoir rendu service à la nation ivoirienne. Christian Baldensperger alias Jean Hélène tu restes un héros.  Tu as trouvé la mort parce tout simplement tu as eu la capacité d’indigner, à travers ta plume étouffée d’encre,  ceux qui n’avaient aucun intérêt que la vérité éclate sur les atrocités en Côte d’Ivoire.

Le 21 octobre 2003 quand tu trouvais la mort, moi je faisais la classe de 4e et je m’en souviens comme si c’était hier. En ce temps, pour écouter RFI depuis mon petit village Kinkianli à Réo, ville située à environ 120 km de Ouagadougou, dans le Centre-Ouest, c’était un parcours de combattant. Il a fallu entendre février-mars 2005 pour qu’il y ait une fréquence FM RFI à Koudougou (90 FM) distant de Réo de 15 km. Bref, malgré ce vide de couverture fréquentielle, à travers les bandes SW j’ai appris ta mort Hélène. J’avais un vieux poste radio détachable qu’il fallait attacher avec un caoutchouc. Rien ne sert de dire que je n’avais pas accès direct à la télévision à cette époque. Dix ans après (tu aurais eu 60 ans aujourd’hui si tu avais pu échapper à ce mardi noir), beaucoup de choses se sont passées. Mais rien n’a pu effacer dans la mémoire collective ton image ou plutôt ta voix. Véritablement, je ne t’ai pas connu. Mais les traces que tu as laissées me disent que tu es un héros. Et comme l’a si bien dit Thucydide : « Des hommes illustres ont pour tombeau la terre entière ». Repose en paix Hélène !

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Commentaires

F.Huillet
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Merci pour toutes ces infos, voici une bonne lecture. J'ai appris différentes choses en vous lisant, merci à vous. Fabienne Huillet www.neonmag.fr

Fabienne Huillet
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Merci pour toutes ces infos, voici une bonne lecture. J'ai appris différentes choses en vous lisant, merci à vous. Fabienne Huillet www.neonmag.fr

Boukari Ouédraogo
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Cool. Un bel hommage. Dans ta dernière partie, ça m'a rappelé moi aussi quand j'étais dans mon petit village avec ma petite radio. Pour capter RFI, il fallait fabriquer des antennes qu'on installait sur le toit de nos maisons. Je me rappelle que je me moquais de ce journaliste qui avait un nom de femme et de garçon. Paix à son âme.

basidou
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Merci Boukari pour d'abord l'intérêt accordé à cet article et ensuite le plus que tu as apporté à travers le petit rappel. Et c'est bien ce que l'on faisait. bricoler des antennes de plus de 5 mètres pour espérer capter la fréquence RFI. C'est vraiment un vieux temps qui mérite qu'on s'en souvienne!